Hello !
On se retrouve aujourd’hui pour l’interview d’une auteure douée, soit Clo_2021 !
Présentation
– Peux-tu te présenter brièvement ?
Alors, commençons par le commencement : je m’appelle Chloé, lycéenne française de Terminale S, passionnée par la littérature et l’Histoire, avec également un gros intérêt pour la philosophie et la politique. On dit souvent de moi que j’ai un côté rétro-intello, spontané, intarissable dès lors qu’on commence à parler de mes centres d’intérêt ! Je collectionne les beaux livres, les boules à neige et les anecdotes. Enfin, parmi mes héros, dont les photos sont accrochées au-dessus de mon bureau, vous trouvez Stefan Zweig, Jean Moulin, Pierre Brossolette, Jean-Paul Sartre, Louis Aragon, Paul Éluard et Charles de Gaulle, pour n’en citer que quelques-uns. En fait, j’ai tout un joyeux petit monde dans ma tête !
– Depuis quand écris-tu ?
Si on parle d’écriture sérieuse, plus ou moins régulière, suivant un projet, ça va faire à peu près quatre ans. Si on parle d’écriture sous toutes ses formes, ça fait depuis le CP : j’avais écrit une petite nouvelle sur un kangourou et en CM1, une chanson pour ma meilleure amie qui déménageait.
– Pourquoi écris-tu ?
Ça va peut-être paraître surdimensionné comme réaction, mais j’écris pour être libre, j’écris pour vivre, pour exister, pour faire quelque chose de ma vie. Je suis très incertaine par rapport à mes études, je ne sais pas ce que je vais devenir. Par ailleurs, ma famille est assez stricte, je n’ai pas forcément le droit de faire ce que je voudrais, comme les autres jeunes de mon âge. Écrire, ça me permet de me dire que je sais faire quelque chose. Ça me permet aussi de faire ce que je veux. J’aurais voulu naître un siècle plus tôt ? C’est chose faite dans un roman historique. J’aurais voulu pouvoir trouver un véritable ami ? Un personnage est né. À la base, écrire, c’est donc quelque chose de très égoïste.
– Pourquoi avoir décidé de publier sur Wattpad ?
J’avais des amies qui m’avaient parlé de ce site sur lequel elles postaient une fanfiction Harry Potter. Je ne me suis pas inscrite de suite, mais c’est à ce moment-là que j’ai débuté l’écriture au sens propre du terme. Finalement, deux ans plus tard, on me l’a suggéré à nouveau et j’ai décidé de tenter l’aventure. J’avais beau écrire pour moi, j’avais quand même envie de partager mon travail, pour savoir ce que ça valait.
– Que t’apporte cette plateforme ?
Si je devais vraiment faire une liste, on en serait encore là dans cent ans ! Là aussi, peut-être que je surréagis, mais Wattpad a changé ma vie. Je n’ai jamais été vraiment « populaire » dans la vraie vie. Alors, quand des gens ont commencé à s’intéresser à moi, à ma passion, ça a été une découverte. Une superbe découverte. Je n’ai pas eu à beaucoup ramer pour m’insérer, je suis allée vers les autres avec enthousiasme et c’est allé tout seul. J’ai rencontré des personnes géniales, toutes plus adorables les unes que les autres, j’ai nettement progressé et ça, c’est du domaine de l’indicible. Je ne vais pas mentir, Wattpad m’a aussi apporté quelques ennuis, quelques contrariétés, mais face à tout le positif, c’est minoritaire.
– Y a-t-il une histoire qui te tient plus à coeur parmi toutes celles écrites ? Pourquoi ?
Je change d’avis sur cette question comme de chemise, c’est donc très dur de répondre ! À chaque fois que j’écris une histoire, c’est celle-ci qui m’obsède, qui me tient le plus à cœur. Plus je la termine, j’en commence une autre et elle prend sa place ; c’est le cycle de la vie ! Du coup, elles me rappellent toute une certaine période, certaines humeurs : par exemple, Rallumer le Feu et Fluette sont les vestiges de ma seconde assez difficile. Le Scientifique correspond au moment où j’ai été tiraillée entre deux options, où je me questionnais beaucoup. Peut-être que c’est cette histoire-là que je préfère. Parce qu’au fur et à mesure de l’écriture, j’ai affirmé mon style tout comme ma personnalité dans la vie réelle.
Le Scientifique

C’est de cette molécule si complexe, si extraordinaire, si parfaite, que dépend le travail du Scientifique. C’est cette suite de nucléotides qui conditionne sa vie, fait de lui ce qu’il est. C’est également celle qui lui permet de créer le bonheur, l’amour, la paix, dans une société dont il est le seul garant.
Seulement, selon toute vraisemblance, n’aurait-il pas lui aussi une âme sœur, un ADN parfaitement compatible au sien, un être vivant qui n’attendrait que lui pour commencer à vivre pleinement ? Ne pourrait-il pas lui aussi jouer la mélodie qu’il compose tous les jours pour ses concitoyens ? Ne s’agirait-il pas là de la plus élémentaire des logiques ?
Or, lorsque l’on a trop longtemps interdit le bonheur à quelqu’un, il devient alors impossible de ne pas y succomber.
– Peux-tu nous présenter ton histoire *Le Scientifique* ?
J’en parlais plus haut, justement ! J’ai peur de me répéter, du coup, je vais essayer d’être succincte. Le Scientifique, c’est un croisement étrange entre la philosophie et la science. Dans une société qu’on peut considérer comme dystopique ou utopique selon le point de vue, un homme, le Scientifique, est chargé de tracer la vie des gens à partir de leur ADN. Il leur donne donc un métier, une âme-sœur. Sauf qu’un jour, il fait une découverte qui pourrait bien ébranler ses convictions… Est-on défini par notre essence ? Ou notre existence ? C’est la question que je voulais poser au départ, même si c’est parti un peu dans tous les sens. Je me suis littéralement éclatée sur le style, à semer des allusions, des figures de style un peu partout, et au-delà du scénario, je pense que c’est vraiment ça qui peut caractériser cette histoire.
– Comment en as-tu eu l’idée ?
L’idée m’est venue tout simplement en écoutant The Scientist, de Coldplay. J’avais déjà écrit une histoire basée sur une chanson, j’avais bien aimé, alors j’ai retenté l’expérience. Mes réflexions personnelles, mêlées à mes cours de sciences et de français, ont décidé de s’incruster et ça a donné ce roman !
– As-tu un personnage préféré ? Pourquoi ?
Il n’y a que deux protagonistes dans ce roman, ça serait compliqué de trancher ! Le Scientifique ne connaît rien de la vie sensible, il n’a jamais vraiment vécu. Sa complice, à l’inverse, est une passionnée, avide de liberté. Peut-être que j’aurais tendance à préférer mon personnage masculin, pour son évolution tout au long du roman, pour le souffle de vie que j’ai essayé de lui insuffler au fur et à mesure. Sur certains côtés, il me ressemble un peu, ça joue sûrement.
– À quel point l’avis de tes lecteurs sur cette histoire compte pour toi ?
J’ai beau dire que j’écris avant tout pour moi, je suis quand même curieuse de savoir ce que les lecteurs en pensent. Comme mon écriture est beaucoup plus aboutie, leur avis me permet de savoir si mes figures de style atteignent leur but, s’ils interprètent différemment certains passages, ou si certaines tournures de phrases sont trop alambiquées. Parfois, ça permet de débattre un peu, c’est toujours très enrichissant !
– Comptes-tu l’éditer ?
Ça serait un rêve, évidemment. Cependant, comme ça ne correspond à pas grand-chose comme style, ce n’est ni du young-adult, ni du roman jeunesse, ni un roman adulte, peut-être que ce n’est pas vraiment un roman, au fond, je ne sais pas si je pourrais trouver une maison d’édition. De toute façon, je suis jeune, j’ai la vie devant moi, rien ne presse ! Pour être franche, je préfèrerai tenter cette aventure une fois que je serai capable de m’assumer financièrement, d’être indépendante à 100%.
Fluette

Le sourire de l’innocence.
Fluette avait
Des yeux d’ange.
Fluette avait
La fragilité de l’enfance.
Mais Fluette était fluette, et c’était là tout son drame.
– Parlons de *Fluette*, une courte nouvelle que j’ai adorée. Peux-tu nous la présenter ?
Fluette, c’est une petite nouvelle qui fait partie d’une série, pas encore écrite, des Éponymes ─ chaque personnage ayant un problème lié à son prénom. Fluette, comme son nom l’indique, est fragile. Sensible. Fluette. Tout simplement. Une cible facile. Malheureusement.
– Comment en as-tu eu l’idée ? Que veux-tu dénoncer ?
L’idée m’est venue en cours de Français, en seconde. Nous étudions un extrait d’Un cœur simple, de Flaubert, il me semble. Le professeur a prononcé le mot « fluette » et l’idée m’est rentrée dedans. À cette époque, un groupe de garçons s’amusait à m’embêter parce que j’écrivais. Allez savoir si c’était réellement du harcèlement. Ça y ressemblait un peu, même si je n’étais pas sûre, je ne voulais pas faire ma victime. Le fait est que j’ai eu besoin de prendre la plume contre ça. Je ne voulais pas vraiment dénoncer, je voulais juste que les gens ouvrent les yeux. Chacun porte sa peine, son petit fardeau, et ce n’est pas en fermant les yeux, en voulant faire une surenchère de la douleur que ça ira mieux. On est tous humain, on est tous pareils et tous différents, alors autant se serrer les coudes.
– À quel point compte-t-elle pour toi ?
Évidemment, elle compte beaucoup pour moi, puisqu’elle retranscrit une période pas facile que j’ai traversée. Dès que l’encre a fini de couler, je suis allée un peu mieux. Voir que les gens étaient touchés m’a beaucoup rassurée, je me suis dit qu’on pouvait faire changer les choses (sachant que je déteste ceux qui râlent, manifestent pour réclamer de l’action mais n’agissent pas eux-mêmes, ça m’hérisse le poil). C’est sans doute trois fois rien, mais sur le coup, ça m’a vraiment aidée. Aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre, j’ai pris un peu de distance, mais je n’ai rien oublié.
Autres projets
– As-tu d’autres projets d’écriture ? Peux-tu nous en parler ?
Je déborde de projets, en effet ! Passionnée d’Histoire, je devais bien passer par là à un moment : me lancer dans un roman historique. J’ai choisi mon sujet préféré, qui me fait pleurer dès que je vois un documentaire : la Résistance. Pourquoi des gens normaux ont-ils décidé de se lancer dans une bataille a priori perdue d’avance pour défendre leurs valeurs ? Comment ? Quel a été le point de bascule ? Une prise de conscience ? Un accident ? Ce sont ces questions que j’explore à travers le personnage d’Aurore, jeune fille qui s’est retrouvée par hasard passeuse au niveau de la ligne de démarcation. Je suis vraiment très enthousiaste, j’avance doucement mais sûrement, je prends beaucoup de plaisir à mêler deux de mes centres d’intérêt. Je pense commencer à poster sur Wattpad le 22 novembre, jour de l’anniversaire de la naissance de Charles de Gaulle, pour les éventuels intéressés ! Je travaille aussi sur un projet à l’opposé : « les H de guerre », qui retracerait le parcours de huit jeunes, évoquant chacun une « facette » du régime nazi ; ou quelque chose de plus doux, « Inachevé », une quête initiatique d’un écrivain victime de la page blanche en pleine crise de Cuba.
– Quel est ton genre d’écriture préféré (nouvelle, roman historique, romance, etc) ?
On l’aura deviné : ce que je préfère, ce sont les romans historiques. Je n’en suis qu’à mon premier et je peux vous garantir que ce ne sera pas mon dernier ! Associer la fiction à l’Histoire est quelque chose qui me donne des frissons rien qu’à en parler. C’est une enquête magnifique entre faits avérés et imagination. Que ce soit par l’écriture ou la lecture, ça permet d’apprendre beaucoup. Et de mon avis, la culture est ce qu’il y a de plus important pour ne pas retomber dans une époque de sauvages.
– As-tu comme projet futur l’intention d’écrire un récit à quatre mains ? Pourquoi ?
Très sincèrement, pourquoi pas ! Je suis ouverte à toutes les opportunités et je pense que ce doit être une magnifique expérience. Après, une fois de plus, ce n’est sans doute pas pour tout de suite, surtout par manque de temps. Il faudrait aussi un partenaire sur la même longueur d’onde ou du moins, ouvert au dialogue, disponible et motivé !
En conclusion
– Aurais-tu un conseil pour les débutants en écriture ?
Je pense être toujours une débutante, alors peut-être que je ne suis pas la mieux placée pour répondre ! Un conseil toujours valable selon moi : c’est en écrivant qu’on devient écrivain. Tu n’écris pas ? Comment veux-tu progresser ? Écrivez ce que vous voulez : de l’horreur, de la romance, de la science-fiction, du fantastique, une fanfiction… il n’y a pas de genre qui soit moins bien que les autres. Mais écrivez. Pour vous, pour les autres, peu importe, du moment que vous y mettez l’envie et la passion. C’est le plus important, je pense !
– Plusieurs jeunes écrivains de Wattpad désespèrent parce qu’ils n’ont pas assez de vues, que leur dirais-tu pour les encourager ?
Je leur dirais que Rome ne s’est pas construite en un jour ! Et je leur dirais aussi qu’elle n’est pas restée dans son coin toute seule en attendant que ça pousse ! Si vous voulez des lecteurs, allez les chercher. Sympathisez, il y a plein de gens ouverts au dialogue. Les projets d’entraide peuvent aussi aider, c’est du vécu. Et restez-vous-mêmes, polis et respectueux !
– Un petit mot pour la fin ?
On va finir avec une anecdote, je peux ? Churchill avait donné plein de surnoms à De Gaulle : le plus connu, sans doute, le Grand Charles. Mais également d’autres moins positifs. Dont la Grande Asperge et le Sot en hauteur. Merci aussi pour cette interview, ça a été un plaisir ! En règle générale, merci à toi pour tout ce que tu accomplis, ça doit te demander énormément de travail ! Bonne continuation ❤